Jour après jour, j'ai toujours le mal de toi et à jamais, le mal de ton rêve où je pouvais lire tant de présage. Jour après jour, malgré moi,j'entends ta voix qui parle et qui chante et qui invente de nouveaux mirages alors que certains t'ont déjà perdue de vue. J'ai essayé d'oublier ce lundi maudit, ton pauvre corps meurtri, cet hôpital. Là, je pouvais encore te voir allongée devant moi. Je n'oublierais jamais ces yeux fermés définitivement comme un appel au secours malgré le sommeil éternel où l'on t'avait plongé. J'ai le mal de vivre sans toi, comme un bateau ivre au large de Ouistreham, dans l'océan où tu es partie. Tu es ma tempête, je perds la tête, déjà, je divague, ma raison s'égare. Mes lèvres ne peuvent plus sourire. Mon coeur se déchire et tout m'abandonne. Sans toi, que m'importe où le temps m'emporte. J'aurais tant voulu que tu ouvres les yeux, que tu me dises "Mman, çà va aller, pleure pas, c'est pas grave". Je ne saurais oublier ta douceur, ton humanité, toutes tes paroles avant que l'on te prenne à moi pour te brûler, t'abîmer encore plus. Mon enfant, ma fille, tout mon être crie après toi, jusque dans mes entrailles. Cà fait si mal d'avoir le mal de toi, pas assez, je voudrais crier ma peine, mon manque de toi, mais ce ne sera jamais assez fort. Cet univers n'est fait que d'injustice. Personne ne pourra jamais combler, ces petites choses, ces petits mots, cette complicité que personne ne soupçonnais. Merci, ma fille chérie, pour tout ce que tu nous a donné pendant 26 ans et 10 mois de bien-être. Ne m'en veux pas, mais j'en crève, d'avoir le mal de toi.