Johnny: La confession d'outre-tombe
Après de longs mois d’abstinence médiatique, Johnny Hallyday parle enfin. Dans un document exceptionnel que publie ce dimanche le JDD, le rocker se confie sans tabou au romancier et diplomate, Daniel Rondeau. Il revient notamment sur ses déboires de santé, ses douleurs et ses doutes. Mais la star, désireuse de tourner cette page sombre de son existence, parle aussi d’avenir. Le cinéma et le théâtre font partie de ses projets, mais surtout la musique, bien sûr, avec un nouvel album en préparation et une volonté farouche de retrouver son public sur scène dès 2012. Extraits de cette confession à la première personne du singulier dont l'intégralité est à découvrir dans Le Journal du Dimanche .
Un miracle
Il faut bien admettre que c’est assez miraculeux que je sois là. Nous sommes à Saint-Barth, avec Laeticia et nos deux filles, je recommence à travailler, j’assiste même à un ouragan tropical, mon premier ouragan, mais je reviens de loin. (…)
Cette fausse sortie, je ne l’accepte pas, je n’ai pas dit mon dernier mot. (…) Je suis tombé dans un gouffre et je suis en train d’en sortir, non sans peine. Je suis très fragile, et je suis très fort, ce n’est pas nouveau, mais maintenant tout prend une dimension supplémentaire. Je peux mourir, ou je peux vivre, ça dépend comme on m’aime.
La tournée
Cette tournée, elle avait pourtant bien commencé. Mais à partir du mois d’octobre, j’ai eu à nouveau des problèmes de dos. Mes douleurs ont commencé à devenir terribles. Il y avait des jours où je ne pouvais plus marcher, j’en aurais pleuré tellement j’avais mal, mais je ne voulais pas annuler, alors je me faisais piquer à la cortisone, j’avalais des anti-inflammatoires, des doses de cheval. Et j’ai chanté, même si cette douleur m’angoissait et pourrissait mes journées. (…) La tournée était longue, elle a quand même duré six mois. Quand je me réveillais le matin, je me demandais si j’allais pouvoir continuer. Il ne faut pas oublier que j’avais été opéré d’un cancer du côlon pendant l’été.
Le coma
Mon dernier souvenir, avant de perdre connaissance, puis d’être plongé dans le coma, ce sont des visages. J’ai vu apparaître puis s’éloigner les visages de Gilles Paquet, de Ticky Holgado et de Carlos, mes amis morts. Et celui de Laeticia. Ceux qui me demandaient de les rejoindre, et celle qui me retenait. Et puis je suis tombé dans un trou noir.
La dépression
Je suis revenu lentement à la vie, et j’ai fait du charme aux docteurs pour pouvoir passer Noël à la maison, à Los Angeles, avec mes filles qui avaient été interdites de visite à l’hôpital et qui me manquaient. Ça a marché.
(…) Jean Reno vient passer les fêtes avec nous. A ce moment-là, tout le monde pense que je vais mieux. Non, je vais mal, car j’ai beaucoup de difficultés à retrouver ma place dans la vie.(…)
Le pire, c’était que j’avais perdu ma voix. J’ai été longtemps intubé à la clinique, et mes cordes vocales avaient été abîmées. Je murmurais, avec une voix de petite fille ou de fausset. Un cauchemar. (…) J’ai vraiment pensé que j’étais foutu.
La vérité, c’est que je traversais une phase de dépression terrible. Le 25 avril, nous sommes retournés à Los Angeles pour un nouveau check-up, qui était bon. Mes angoisses non seulement ne cessaient pas, mais je commençais à avoir peur du retour à Paris. (…) Je suis assailli par de violentes angoisses que je n’arrive à évacuer que par une hyper-agressivité.
Laeticia
Laeticia tente de me rassurer. Elle m’a sauvé deux fois. Au moment du désastre, après l’opération de ma hernie discale, (…) et au moment de ce nouveau désastre, moral et psychologique, en continuant de me soutenir, malgré moi. C’est elle qui a organisé mon anniversaire au mois du juin, sur une péniche. Ce soir-là, j’ai chanté. Gabrielle, La musique que j’aime. C’était le test pour moi. Ma voix est sortie. Ce moment a effacé des mois d’ombre et de blessures, même si je sais qu’il y a des cicatrices qui ne s’effaceront jamais.
L'avenir
J’ai arrêté la drogue, je veux voir la suite. Pour la première fois depuis des mois, j’ose regarder en avant. J’ai commencé à travailler avec Matthieu Chedid. Sincèrement, depuis qu’il est ici et que nous travaillons, je me sens renaître. Ma voix est là, l’énergie remonte.
(…) Tout est déjà assez bien calé. On enregistrera en septembre, à Los Angeles
Jean-Claude Camus
Je m’arrange pour repartir d’un pas neuf. Nouvelle vie, nouveaux projets, nouveaux rêves, nouveau producteur. Je quitte Jean-Claude Camus pour Gilbert Coullier. Camus est à moitié en retraite. Il a vendu son affaire et ce n’est plus lui qui s’en occupe. Je lui garde une certaine tendresse, il y avait une part de folie qui lui permettait de me comprendre, son successeur est uniquement un businessman. Nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre.
Cinéma, théâtre, scène
J’ai (…) des projets de cinéma. (…) Je vais jouer au théâtre une pièce de Tennessee Williams, jamais donnée en France, qui sera mise en scène par Bernard Murat.
Tous ces projets m’ont aidé à me redresser. Je repense aussi à la scène. J’avais décidé de faire mes adieux, et on m’a volé ces adieux. (…) Je ne savais pas que j’étais autant aimé. Cet amour me crée des obligations.
JDD
p)